Lettre ouverte à tous ceux qui ont commencé leurs études lundi.
Chers nouveaux étudiants,
Ce lundi vous avez eu l’heureuse chance de commencer vos cours. Vous étiez les grands en fin de secondaire. Vous serez désormais les petits une fois arrivés sur le campus. Habituez-vous à cette sensation, elle vous suivra dans le monde du travail. Voici une lettre sans aucune prétention et avec le plus d’humilité possible, avec pour seul but de faire passer un message à tous les nouveaux entrants d’écoles supérieures. Ayant fini mes études et travaillant depuis peu, j’aimerais vous faire partager un regard externe. Après 3 heures d’attente chez Actiris (le service à l’emploi bruxellois), j’ai pu voir une multitude (pour ne pas dire trop) de jeunes de mon âge. J’ai eu beaucoup de craintes pour ma génération belge francophone. Le monde des études et du travail est décalé et c’est malheureux. Pour rappel, la raison pour laquelle nous étudions si ardemment est d’atteindre ce monde du travail. Gardez cela à l’esprit tout au long de votre parcours ! La période des études ne représente qu’une phase de transition entre l’école secondaire et le travail. C’est une phase dans laquelle vous allez pouvoir vous développer en tant que future personne active. Nous avons de chance en Belgique d’avoir des frais d’admission faibles et presque aucune barrière à l’entrée. Par rapport à des nombreux autres pays, les études sont accessibles à quiconque le souhaite… C’est une bonne nouvelle. En effet, qu’on soit à Londres ou en Belgique, le savoir est le même partout. La Constitution européenne, la mécanique quantique, la biologie moléculaire et Adam Smith ne vont pas changer de pays en pays. Hormis la qualité des infrastructures, du réseau alumni et l’éloquence de certains professeurs, rien ne justifie un prix de 30 000 € à 100 000 € l’année. Nous avons la chance d’apprendre et de pouvoir décrocher des diplômes que des millions de personnes ne peuvent pas se permettre. Malheureusement, cette chance provoque des débordements avec des milliers d’élèves qui entament étude sur étude pour ne rien finir du tout.
Quelle que soit votre orientation, toutes les études se valent. Ce qui importe réellement c’est qu’est-ce que vous en faites !
Sur le marché du travail, la compétition ne fait qu’augmenter de jour en jour. Là où vous pouviez être fiers d’avoir un diplôme universitaire de l’UCL ou de l’ULB. Aujourd’hui, celui-ci a de moins en moins de valeur pour un employeur qui reçoit des milliers de CV de jeunes provenant de tous les horizons : Angleterre, Allemagne, Pays-Bas, France etc. Je ne pense pas devoir de citer des noms pour exprimer le fait que certaines institutions sont mieux perçues (parfois à tort) que nos institutions belges. A la prochaine personne qui dénigrera votre institution ou vos études, attendez que celui-ci envoie ses 100 CV pour ne recevoir que 2 réponses…Ne pensez plus que votre diplôme vous donnera un travail. En réalité, le diplôme est un morceau de papier qui vous servira simplement de carte de visite pour votre premier emploi. On distinguera alors une personne qui sait analyser un document à une personne qui sait réparer une voiture. Toutes les autres compétences qui pourront vous faire sortir du lot, cela sera à vous à les apprendre de manière autodidacte.Beaucoup de personnes ont passé les meilleurs moments de leur vie pendant leurs études supérieures. Certains parents lâchent prise. Les professeurs responsabilisent les élèves. Nous acquérons ainsi plus de liberté. Les obligations et contraintes de l’élève sont minimes. Celui-ci peut décider de gérer son emploi du temps comme il le désire. Ce temps a une valeur exceptionnelle. C’est de l’argile entre vos mains pour vous préparer au mieux à la guerre qu’il y a dehors.
Quelques conseils
Voici quelques conseils pour mieux appréhender vos études et pour ne pas vous retrouver d’ici trois ou cinq ans sur un banc d’Actiris ou du Forem,
1. Quel que soit le choix de votre orientation, profitez de vos études pour apprendre à vous connaître.
Testez des activités auxquelles vous n’auriez jamais pensé. Rencontrez des personnes sorties de l’ordinaire et ne négligez pas la force de votre réseau. En résumé, sortez de votre zone de confort. Plus vous vous activez, plus vous aurez une vision claire de là où vous voulez vous diriger. Je constate qu’une grosse majorité des jeunes en sortant d’études n’ont encore que très peu d’idées de ce qu’ils veulent faire vraiment.
2. Ne perdez pas votre temps.
Si vous êtes parmi les 80% des élèves recalés au concours d’entrée en médecine. N’attendez pas l’année prochaine pour agir. Soyez proactif. Allez tester la vie dans un hôpital via un job étudiant. Faire le ménage dans les chambre d’hôpital ne semble pas extraordinaire, mais cela vous permettra d’approcher des docteurs et de constater si cela vous intéresse vraiment. Ce cas de figure s’applique à beaucoup d’autres études et à des élèves qui ont lâché leurs études trop vite.
3. Élargissez vos frontières et regardez plus loin que Wallonie-Bruxelles.
La Flandre n’est pas si loin et l’éducation est y parfois plus interactive. Si le problème du néerlandais vous sert d’excuse, comprenez bien que les puissants spreken het Nederlands in België…Aujourd’hui, les universités dans le monde sont de plus en plus accessibles si on est prêt à y payer le prix. Si vous en avez les moyens, allez tester des d’expériences et/ou études en dehors de Belgique. L’université de Maastricht n’est pas si loin et très réputée. Paris a des écoles de programmeurs totalement différentes de ce qu’on peut trouver ou imaginer au plat pays.
Finalement,
Sortir des sentiers battus vous rendra spécial et unique. C’est en étant unique que vous pourrez apporter de la valeur à votre employeur et d’avoir la chance d’être choisi parmi 2000 candidats… Pensez comme un employeur qui voudriez-vous embaucher ?
- Un étudiant bruxellois qui a fait droit à l’ULB et a eu pendant 3 ans un job étudiant au Panos.
- Un étudiant bruxellois qui a fait ses études de droit à Budapest qui parle anglais, qui a fait un an de volontariat avant ses études pour défendre le droit des femmes.
Je vous l’accorde qu’il est difficile de s’éloigner des routes dites royales. Il y a la pression des parents, des copains et même de nos professeurs. En sortant d’humanités, je ne connaissais que ces filières : médecine, ingénieur, droit et business. Aujourd’hui, je regrette de ne pas avoir cherché plus loin et de ne pas avoir été plus courageux.
Profitez de ce moment pour vous, Arthur.